Annexes 1

Publié le par jaimelerap.over-blog.com

Bibliographie 

- Olivier Cachin, L’Offensive rap, (Gallimard, 1996)

- Morgan Jouvenet, Rap, techno, électro : Le musicien entre travail artistique et critique sociale (Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2006)

- Richard Shusterman, L’Art à l’état vif, (Paris, Editions de    minuit, 1992)

- David O’Neill, Explicit Lyrics : Toute la culture rap ou presque (Les Editeurs libres, 2007)

- Adorno, Réflexions en vue d’une Sociologie de la musique, Musique en jeu, 1972

 

 

 

Sites internet 

 

-       www.heimann.antoine.free.fr

-       www.abcdrduson.fr

-       www.rap2france.fr

-       www.rap2k.fcom

-       www.wikipedia.org

-       www.thestateofhiphop.com

-       www.grioo.com

-       www.kassoumay.com

 


***
 

Entretien avec Hamé du groupe La Rumeur, le 30 mai 2002.

 

- Présentation :

 

- Je m'appelle Hamé, je suis membre du groupe La Rumeur, qui est un groupe qui existe depuis 1995-1996. J'ai 26 ans, je suis encore étudiant et salarié. J'habite à Argenteuil. J'ai eu mon bac C ( bac Scientifique aujourd'hui ), j'ai fait des études cinéma et de lettres, j'ai obtenu ma maîtrise de cinéma en 1998 mais depuis... je virevolte.

 

- Présentation de La Rumeur :

 

- Son existence "humaine" remonte à 1995 et son existence discographique remonte à 1997. On a d'abord édité une série de plusieurs maxis, on a appelé ça la trilogie de la rumeur;  avec 3 volets : Le poison d'avril, le franc tireur, le Bavar et le Paria. Ces 3 volets servaient à installer successivement les 3 figures du groupe afin de permettre à chacun de "s'installer" et de développer une certaine identité. Ekoué a sorti le sien en 1997, moi en 1998 et Morad et Philippe en 1999.

De 1999 à 2000, il y a eu une période de vache maigre, pas mal de conflits avec notre producteur; mais cela reste une période charnière pour nous. D'un côté on commençait à jouir d'un certain succès d'estime avec les trilogies puisque avec tous les maxis confondus, on a réussi à en vendre 40 000 exemplaires sans quasiment aucune promotion, télé ou radio. Seulement quelques interviews en magazines spécialisés. Mais notre force, en terme de promo, reste avant tout le grand nombre de concerts qu'on a pu faire. On a fait un peu près entre 60 et 70 concerts, malgré notre notoriété restreinte, de 1997 à 1999. En 1999, La Rumeur est "orpheline" de quelqu'un qui puisse lui permettre de réaliser un projet plus "lourd", c'est à dire un album.

Et fin 1999 début 2000, on est contacté par plusieurs maisons de disques, des grosses majors. On alors pris la décision de jouer de la concurrence entre elles pour tirer une meilleure marge en ce qui nous concerne. L'aspect économique est très important; et ouais on ne fait pas ça que pour la gloire, on a aussi des réalités précaires, du moins pour l'ensemble du groupe, on est tous étudiants, d'autres chômeurs... Et donc on a fini par signer un contrat début 2000 avec EMI music.

Et à partir de là! On a tourné la page des volets. C'est une nouvelle réalité qui se met en place : c'est plus une petite SARL à 50 000 francs, là c'est une grosse multinationale avec des locaux immenses, beaucoup de moyens et donc plus de pression. Et surtout avec une autre échelle de chiffres.

Mais malgré cette signature, on a toujours eu la volonté de ne surtout pas finir avec un album qui sente le compromis parce qu'on est en major! En plus, on arrivait à une période où on avait tous mûri, humainement et musicalement, donc il s'agissait de mettre la barre plus haut d'un point de vue artistique par rapport à la trilogie. Puisqu'on avait accès à des studios et à des budgets beaucoup plus conséquents, on allait vraiment pouvoir mettre ça à profit pour le projet de La Rumeur, pour lui donner plus de volume, plus de "patate". Et disposer de l'infrastructure de la maison de disques pour la distribution et pour la "capacité" promotionnelle. Le tout sans trahir le concept de La rumeur; c'est à dire faire un vrai disque de hip-hop mais avec des moyens cette fois.

 

- Comment s'est déroulé la promotion de l'album?

 

C'est la période où on a dû être le plus vigilant, méfiant et créatif. C'est à dire qu'on ne pouvait pas, une fois fini, se contenter de livrer le disque à la maison de disque; au département marketing de la promotion. Et de leur laisser le soin de le promotionner. Donc il a fallu achever l'album, le mixer, et puis derrière assurer l’accompagnement promotionnel, c’est à dire  ce que l’on ne voulait surtout pas faire. Comme par exemple des partenariats avec de grosses radios « putassières ». La Rumeur ayant un statut particulier, à ce titre la promotion devait être également particulière. La promotion devait être à l’image de La Rumeur, c’est à dire sans compromis. Le côté « hardcore », sans compromission, ne doit pas se trouver uniquement dans les titres ; il doit se trouver dans toute la démarche du groupe.

 

- Et il n’y a pas eu de pression de la part de la maison de disque pour la direction à prendre en ce qui concerne la promo?

 

-  Non, la maison de disque nous a signés en connaissance de cause. Ils connaissaient déjà le caractère du groupe et on avait prouvé avec le succès de la trilogie que notre recette fonctionne. C’est ce qui nous a permis d’agir à notre guise, tout en sachant que l’on n’est pas suicidaire. On veut, comme la maison de disque, que l’album soit connu et reconnu mais pas à n’importe quel prix. On ne veut pas se détacher de notre base populaire et on ne veut pas « être catapulté » dans des plans médiatiques. Et puis on veut laisser les gens aller vers nous plutôt que l’inverse. On préfère une vérité qui se trouve plutôt qu’un mensonge qui se vend ! Donc il était hors de question de faire une promo « putassière » alors que notre produit ne l’est pas.

 

- Est-ce que la signature chez EMI music a été pour toi une étape logique dans ta carrière musicale ou l’as-tu ressenti comme une sorte de récompense après avoir fourni un travail ?

 

- Bah je te cache pas que j’ai été un des plus méfiants. Ca a pas été l’euphorie. D’un côté tu es content parce que ton travail est reconnu mais d’un autre côté on sait que pour eux on correspond à une équation. Ils se disent : « Si avec très peu de moyens, ils ont réussi à vendre 40 000, si on les épaule, ça peut-être encore mieux. ». Mais il ne faut pas oublier que dans les maisons de disques il y a aussi des gens de qualité. Il y a certes une réalité économique mais dans l’ensemble ils nous ont laissé carte blanche. La seule source de conflit, c’était à propos du délai dans lequel nous devions avoir fini l’album. Et vu qu’on a fini l’album avec près d’un an de retard, ils n’ont pas été très contents.  Cela s’explique notamment parce que dans le groupe il y a 2 compositeurs et 4 rappeurs, cela multiplie les problèmes.

 

- Et aujourd’hui, est-ce que tu vis de ta musique ?

 

- Non je ne vis pas de ma musique aujourd’hui. Ce qu’il faut savoir c’est que malgré la signature en major, la maison de disque ne place beaucoup d’argent sur toi, cela ne va pas dans tes poches. La maison de disque investit essentiellement sur le plan logistique ; c’est à dire qu’elle est prête à te faire entrer dans les plus beaux studios, te faire travailler avec les meilleurs ingénieurs. C’est un peu comme un banquier, elle ne te donne pas d’argent tant que tu ne lui en as pas rapporté. C’est pas parce qu’ils ont énormément d’argent qu’ils le jettent par la fenêtre, bien au contraire.

 

- Est-ce que le rap, selon toi, est-un bon moyen de gagner sa vie en France ?

 

- Il faut dire qu’aujourd’hui, les plus gros bénéficiaires du rap ne sont pas les rappeurs. Ce sont les majors, les grosses radio (Skyrock ), les gros organes de presse qui ont investi des millions dans le rap, les marchands de fringues…Les rappeurs millionnaires tu les comptes sur les doigts de la main alors qu’il y a des milliers de rappeurs ! Il ne faut donc pas se laisser bercer par l’illusion que le rap va sauver nos vies ou va sauver les quartiers. Eventuellement à titre individuel mais c’est tout. Ca peut être une solution individuelle mais ça ne sera jamais une solution collective.

 

- Etes-vous entrés en contact avec d’autres rappeurs pour négocier votre contrat ?

 

- Non, on a fait ça comme des grands. On a tout « arraché » nous-mêmes, on a tout conquis sans l’aide de personne. Aucune subvention de Mairie, rien, on a tout « arraché » tout seul. A la force de notre micro, de nos concerts et de nos petits disques, aussi mauvais soient-ils !

 

- Que signifie le rap pour toi ?

 

Le rap est pour moi un vecteur de la fierté populaire, c’est ça qui m’intéresse. Le rap est né de la décomposition des quartiers pauvres. Il doit relever ce défi de mettre des mots sur des blessures, de mettre des mots sur la complexité de la réalité dans les quartiers, sur la complexité des rapports que nous entretenons avec nous-mêmes ou avec des gens de l’extérieur, avec nos bourreaux, avec nos oppresseurs, … s’il n’est pas capable de relever ce défi, il ne m’intéresse pas. Je dis pas que le rap français doit ressembler à ce que fait La Rumeur mais on doit relever le défi, que ce soit avec l’humour noir ou d’autres moyens. Que ce soit Coluche ou Desproges, tu te prends des barres de rire mais ça reste politisé, ça reste engagé. Il s’agit avant tout de mettre des mots. On appartient à des tranches de la population qui subissent le plus haut degré de rejet social. Le rap se doit de mettre des mots sur ce rejet. Si on s’écarte trop de cette mission initiale, on passe à côté de la réelle mission du rap. Vu le contexte actuel, parler des arbres ou des petites fleurs pour un artiste ou pour un poète, c’est presque criminel. Je fais partie de ceux qui pensent qu’on vit des années noires, des années de merde. Il faut en parler. L’essence du rap pour moi c’est se soucier de ce qui se passe ici et maintenant, sans jamais oublier que cela se fait au travers d’un prisme artistique qui a ses propres codes, qui a son esthétique. On peut voir le rap comme de la poésie sur de la musique électronique, mais c’est avant tout de la poésie, c’est du texte, c’est du verbe, ce que l’on aime nous c’est le verbe. On aime la nuance, on n’est pas des syndicalistes, on n’écrit pas des tractes. Il y a d’un côté l’alimentation par la réalité sociale mais il y a aussi des considérations purement artistiques. C’est un peu tout ça le rap. Le rap sert à sortir un peu des clichés que l’on a sur la population des quartiers et à pointer du doigt ceux qui nous font mal, ceux qui ont mis sur la paille des centaines de milliers de familles, ceux qui nous tirent dans le dos. Mais également pointer du doigt ceux qui, chez nous, participent au jeu de la destruction. Pour moi y’a trop de rappeurs qui participent à l’abrutissement général et qui ne relèvent pas ce défi dont nous parlions tout à l’heure. Malheureusement, les thèmes abordés par La Rumeur, et qui constituent à mon sens les thèmes qui devraient être systématiquement abordés, sont minoritaires.

 

- Comment expliques-tu cette absence de thèmes politisés aujourd’hui dans le rap français ?

 

- Ca n’a pas toujours été absent ! Au début des années 1990, je me souviens, un rappeur qui se pointait avec des textes mièvres, des textes à « l’eau de roses », il se faisait incendier par tous les rappeurs. De 1989 à 1993, les textes engagés représentaient la norme du rap français. Aujourd’hui la norme c’est d’être une « pute », c’est à qui se prostituera le plus, à qui sera le plus ridicule, à qui côtoiera les plus grands noms dans le show-biz. Aujourd’hui, la norme c’est ça , si t’arrives avec un souci de politisation : t’es marginal ! C’est grave, mais c’est quoi ? Bah c’est l’argent, c’est l’argent. Il faut dire que le rap n’a jamais drainé autant de capitaux, il n’y a jamais eu autant d’enjeux économiques dans le rap donc je comprends que cela fasse tourner la tête à beaucoup. En plus, les seuls qui auraient pu aider à maintenir le cap, ce sont les premiers à avoir fait le pas, à s’être fourvoyés, à avoir fait les bouffons. Tous les Minister AMER, tous les NTM, les IAM. Les premiers à avoir choisi la carte de l’insouciance, de la connivence, de beaucoup de parlotte pour rien du tout, la carte de la bêtise en gros. Le rap à fric quoi ! Et puis en cela ils ont été bien encouragé par les majors, ou radios comme Skyrock. Je parle d’eux parce qu’on est en procès avec eux.

 

- Pourquoi êtes-vous en procès avec Skyrock ?

 

- A cause d’un article paru dans LA RUMEUR magazine, où on parlait de Skyrock en terme peu élogieux. D’ailleurs le directeur de la maison de disque pense que c’est du « pain béni » pour nous, mais bon il pense en terme de marketing et de promo.

 

- Penses-tu qu’il y a une culture de la rue d’où est issue la culture hip-hop ? Et peut-on parler de culture rap ?

 

- « Culture de la rue », j’aime pas ce mot, pour moi c’est la réalité des SDF et des clochards. Une culture « populaire » convient mieux. Pour moi il n’y a pas de culture rap dans l’absolu. Le rap c’est ce que les rappeurs en font. Tout dépend de ce que les rappeurs sont. Du rap fait par des mecs du XVIème ou des fils d’ambassadeurs ne m’intéresse pas.

Ce que je vois à la télé chaque jour, c’est du rap de nantis. Arsenik ou Passi, c’est du rap de nouveaux riches, de nouveaux millionnaires, ça ne m’intéresse pas. C’est le rap d’une certaine bourgeoisie artistique ascendante… Voir l’étalage des bijoux, des bagues, des meufs et des voitures de Passi ou d’Arsenik ça m’énerve, ça m’énerve ! J’estime que c’est gâcher du temps sur un disque. Remarque le cinéma pornographique c’est aussi du cinéma donc à la rigueur on peut considérer ces groupes comme du rap, mais bon je ne cautionne pas. Ce sera du rap mais pas avec un grand R, enfin c’est subjectif…

 

- Penses-tu qu’il existe des clichés caractéristiques véhiculés par les rappeurs ?

 

- Bah oui ! d’ailleurs, c’est le propre de l’aliénation. Ils participent quelque part, et sans en être vraiment conscients, à la fabrication de leur propre caricature. Ouais bien sûr que ça existe. La plupart n’en sont pas conscients, mais certains, peut-être un plus rusés que d’autres, le font consciemment ; comme par exemple Akhenaton du groupe IAM qui a un côté machiavélique. Ils ont remarqué que cette fabrication de leur propre caricature est une recette qui fonctionne et ils se disent : « il n’y a pas de raison de changer une recette qui marche. ».

 

- D’après toi d’où proviennent ces clichés « repris inconsciemment » par la plupart des rappeurs ? Emanent-ils des rappeurs eux-mêmes ou bien de l’extérieur ?

 

- Les premières choses qui viennent à l’esprit appartiennent au sens commun. Ce n’est qu’en creusant qu’on sort des « sentiers battus ». Pour les rappeurs qui ne sont pas vraiment déterminés ni perfectionnistes, il est beaucoup plus facile de penser ce que le modèle dominant pense. Mais c’est la même pour tout le monde ! Il faut creuser pour avoir son propre caractère, sa propre identité. Et pour éviter de tomber dans les clichés dont on parlait.

 

- Mais alors qu’est-ce qui fait que certains ne tombent pas dans le piège et ne reprennent pas ces clichés ?

 

- Je sais pas, il y a tellement de paramètres… L’éducation, le caractère, la sensibilité, il y a aussi l’illusion de la réussite facile et rapide, l’alimentation culturelle, il y a tout ça…

 

- Et comment expliques-tu l’apparition de discours contestataires, provocateurs mais non politisés ?

 

- Nous ce qui nous a sauvé c’est qu’au départ, on avait une certaine conscience politique. Mais cette conscience politique est mal répartie. Il faut la cultiver. Il est nécessaire d’avoir les instruments qui te permettent de comprendre ce qui t’arrives. Et puis faut être curieux ! Cette curiosité c’est aussi quelque part le refus de se laisser marcher sur les pieds, la conscience  d’une certaine hostilité par rapport à soi. Etre curieux c’est se demander c’est quoi le colonialisme, pourquoi la guerre d’Algérie, pourquoi Le Pen fait 20%, pourquoi la gauche se ramasse, … ?

 

- Mais qu’est-ce qui fait que toi, qui a vécu ce que des milliers de jeunes ont vécu, tu t’es posé ces questions et que tu as décidé de construire ton discours autour de ça ?

 

Bah d’abord il faut être conscient de l’hostilité des institutions par rapport à soi, conscient d’évoluer dans un environnement violent parce que violenté. Ca c’est important. Quand je dis environnement violent, je parle pas des voitures qui crament. Pour moi un environnement violent c’est une famille de six personnes dans un deux pièces et qui vit sur un seul RMI. Ca c’est violent. Violent c’est 40% ou 50% d’échec scolaire, ça c’est violent. L’analphabétisme, l’espérance de vie dans les quartiers, on vit moins bien dans les quartiers, il faut le savoir. Il y a une conscience politique mais une conscience politique sans instrument collectif pour lui donner corps. Elle n’est pas palpable, elle n’est pas visible, mais dis toi que partout où il y a souffrance, il y a résistance. Elle s’exprime à travers des associations, en fait elle s’exprime quand il y a un vrai travail d’organisation. Personnellement je rêve de vraies solutions collectives. De remettre au goût du jour l’aspect collectif. La délinquance est une solution individuelle pour avoir ce dont on a été privé. Je ne cautionne pas mais je dis ça pour expliquer pourquoi c’est plus facile d’aller vendre du shit en bas de son immeuble plutôt que de faire un vrai travail d’organisation.

 

- Mais La Rumeur, qui tient un discours ouvertement engagé, fait figure d’exception dans le paysage rapologique français. Pourquoi ?

 

- Bah je te dirai que dans le cinéma ou dans la littérature, la proportion d’artistes politisés par rapport aux autres artistes est la même que dans le rap français. Dans le monde artistique, le nombre de gens qui ont les yeux ouverts et qui font en sorte que les autres gens les ouvrent est très restreint. Le rap n’est pas exempt, il appartient à cette bulle. Il est traversé par les mêmes insuffisances, par les mêmes contradictions. Dans le rock aussi il y a cette absence. Le problème aujourd’hui c’est qu’il y a que des projets consensuels. Il y a une espèce de formatage qui est très néfaste ; et pour la créativité et pour le rap lui-même. Le « rap-argent », qui domine actuellement, va dans le mur, va dans une impasse. Le formatage est en train d’user le rap. Il n’y a plus de caractère fort. Ce que je regrette également c’est que la perception du public non rap est déterminé par le modèle dominant, c’est à dire par le rap majoritairement médiatisé. Je ne reproche pas aux artistes « commerciaux » d’avoir vendu des disques, je leur reproche de l’avoir fait au prix d’une compromission totale et par là même d’avoir tourné le dos aux principes dont ils se réclamaient quelques années auparavant. C’est ça qui fait le plus de mal. Ceux qui se prétendaient être des incorruptibles, des combattants, sont finalement l’inverse de ça ! Et dire que les grands groupes qui vendent ouvrent des portes aux plus petits, ça c’est faux. Ils ouvrent d’abord des portes à eux-mêmes, et ils ouvrent des portes à ceux qui sont prêts à se fondre dans le format imposé par les majors et les gros groupes de presse.

 

 

 

 

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