I. Le rap est un genre musical révolutionnaire

Publié le par jaimelerap.over-blog.com

 

 A.  Comment le rap est-il né ?

 

 

      Le rap, issu du mouvement hip-hop, trouve ses racines dans la culture africaine. Le chant scandé du MC rappelle en effet celui du griot, poète et musicien qui rythme la vie quotidienne des africains et est invité à chanter lors des célébrations (mariage, baptême). De la même façon, la musique basée plus sur le rythme que sur la mélodie évoque fortement les cadences de percussions africaines, tels le tambour et le djembé. A partir de là, la nouvelle culture rap américaine est née au cœur des ghettos noirs urbains, dans les années 1970, dans le Bronx, aux Etats-Unis. A l’origine, un disc-jockey (D.J) passait des extraits de vinyles qui sont à dominante break soul, funk, rock, jazz et blues en grattant leur surface en rythme, avec la main ou l’aiguille de la platine. On appelle cela le scratch. Le rap est donc issu d’un mélange de cultures et de musiques. Le MC (Maitre de Cérémonie), censé au départ exhorter la foule à danser étoffe de plus en plus son rôle. Il n’émet plus des onomatopées mais des textes rimés. C’est la chanson Rappers’ Delight de Sugarhill Gang, véritable phénomène médiatique, qui propulse le rap à l’extérieur des ghettos et devient un tube international en 1979. 

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                                Rappers' Delight - Sugarhill Gang









      Mais face à un contexte politique critique : assassinat de Malcom X( prêcheur musulman afro-américain qui a longtemps lutté contre la ségrégation raciale, porte-parole de « Nation of Islam », une organisation politique et religieuse américaine, dont trois des membres finissent par le tuer), discrimination et racisme, représentants de l’ordre corrompus, crise du pétrole, violence des gangs, certains Mc’s commencent à se démarquer à travers les messages conscients qu’ils font ressentir dans leurs textes. Les tourments des Noirs-américains sont dénoncés par les premiers rappeurs. Le premier à aller dans ce sens est sans doute Grand Master Flash avec ses célèbres paroles en 1979 « Don’t push me, causgrangmastere I’m close to the edge. I’m trying not to loose my head ». Il traite dans sa chanson The Message de la vie au sein des ghettos, où violence et drogue règnent, d’où un nombre incalculable de meurtres pour règlements de compte. Suivant son exemple, les Mc’s conscients sont de plus en plus nombreux et le rap, à l’origine genre plutôt festif et hédoniste gagne très vite un aspect contestataire et engagé. De même, pour échapper à la prison, à la drogue ou pire, au cimetière, les jeunes Noirs de Brooklyn et du Bronx préfèrent la résistance artistique à  la violence en faisant de la rue leur territoire d’expression.
                 
                 
           






         






  The Message - GrandMaster Flash

        
      Avec les succès planétaires de Rappers’ Delight et de The Message notamment en France, les jeunes des cités françaises, bien que différentes des ghettos américains, se reconnaissent instantanément dans cette forme d’expression. Les artistes pionniers du rap français sont sans aucun doute Mc Solaar, IAM ou encore le groupe Assassin ainsi qu’NTM qui a comme refrain « J’ne suis pas un leader, simplement le haut-parleur d’une génération révoltée prête à tout ébranler », laquelle définit bien l’état d’esprit de la jeunesse française, marquée par un vide idéologique, un système démocratique capitaliste qui ne tient pas ses promesses, partagée entre espoir et impuissance mais prête à la rébellion par les mots contre cette société inégalitaire.



 

      En outre le rap, issu des populations noires américaines se démocratise pourtant dès les années 90 pour toucher la population blanche aux Etats-Unis. Un nombre toujours croissant de rappeurs en provient et aujourd’hui l’exemple le plus connu est Eminem, bien que son producteur faisait auparavant partie d’un groupe appelé Niggaz With Attitude. Le rap conserve donc son héritage culturel, tout en étant sujet à la globalisation et à la mondialisation. Dans sa musique, Eminem mélange comme à son habitude le sérieux, le cynisme, l'ironie ou la provocation. Cette attitude est confirmée dans la chanson « Renegade » (sur l'album The Blueprint de Jay-Z), où Eminem s'attaque à certains groupes religieux comme les églises évangéliques  qui le qualifiait de « non-croyant possédé par le démon » :

«  Ils me désignent comme une menace et si ce rôle est véritablement mien, alors je l'accepterai sans broncher / Mais si ce n'est pas le cas, vous allez devoir accepter cette rude et triste vérité [...] Est-ce de la colère que je répand afin d'en nourrir votre esprit ? / Est-ce de la belle musique que je fais afin que vous puissiez la chérir ? / C'est à nous en tant que personnes de décider si Shady est aussi mauvais qu'ils le prétendent / Ou si ce dernier est au contraire l'une des dernières échappatoires / Qui utilise sa musique pour le guider, partageant grâce à elle sa vision et ses démons [...] Je suis le bouc émissaire des médias qu'ils peuvent pointer du doigt [...] En guerre contre les mormons, je briserai la peinture dans laquelle ils me peignent comme un promoteur de la haine ou bien un athée diabolique [...] Si je devais prendre un bain avec les évangéliques / Dans de l'eau bénite - ils tenteraient sans aucun doute de m'y noyer / Tous ces vautours se répugnent à te donner de l'amour; mais qu'ai-je donc fait ? / Je ne suis simplement qu'un enfant de la misère qui a bâti sa fortune sur le dos de ces sangsues  »

— Extrait traduit en français de Renegade.

                                                        






Renegade - Jay Z  (compositeur: Eminem)



      





              Lose Yourself - Eminem

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                          Le rappeur américain Eminem




       Avec les succès planétaires de Rappers’ Delight et de The Message notamment en France, les jeunes des cités françaises, bien que différentes des ghettos américains, se reconnaissent instantanément dans cette forme d’expression. Les artistes pionniers du rap français sont sans aucun doute Mc Solaar, IAM ou encore le groupe Assassin ainsi qu’NTM qui a comme refrain « J’ne suis pas un leader, simplement le haut-parleur d’une génération révoltée prête à tout ébranler », laquelle définit bien l’état d’esprit de la jeunesse française, marquée par un vide idéologique, un système démocratique capitaliste qui ne tient pas ses promesses, partagée entre espoir et impuissance mais prête à la rébellion par les mots contre cette société inégalitaire.



       Plus récemment, le rap s’impose dans les pays asiatiques et africains. Le rap coréen est représenté par des groupes tels qu’Epik High, Jo PD et Drunken Tigers, qui débâtent de thèmes sensibles tels que la drogue, la guerre mais aussi l’éducation et l’amour. Le rap coréen n'est pas né dans les ghettos, qui y sont inexistants. Il s'est simplement implanté dans le pays (comme dans beaucoup d'autres), depuis les Etats-Unis, chez les jeunes qui sont très à l'écoute des tendances américaines.

   epik

                      8:45 Heaven - Drunken Tiger                                                    Le groupe coréen Epik High



      

      Le rap sénégalais, et en général le rap africain a mis du temps à se développer et n’est arrivé à percer que depuis une quinzaine d’années, en retard par rapport aux pays européens. Le Sénégal bénéficie d’une influence francophone du fait de la colonisation, ce qui n'empêche pas une identité africaine propre dans les rythmes et les flows au
slang particulier
(argot). Toujours à la pointe du rap africain, le Sénégal dispose d’artistes internationalement connus, tels PBS (Positive Black Soul), Daara J, Didier Awadi, Maxy Crazy, Pacotille. Ces groupes sont les porte-paroles de la jeunesse sénégalaise. Ils dénoncent l’injustice, la corruption, les magouilles politiques, les abus de pouvoirs. Ils mélangent aux samples du hip hop et rap les instruments traditionnels : kora, djembé, xalam par exemples, qui affirment leurs racines africaines. A ses débuts, durant près de 20 ans, le rap sénégalais a été la propriété exclusive de la RTS, qui à l’époque était la seule chaîne nationale du pays. Elle en a profité pour censurer massivement les morceaux qui avaient trait à la corruption. Cependant avec la venue de chaînes privées comme Sud FM, Walfadjri ou Dunya, le rap sénégalais connait une véritable explosion au niveau national, avec de grandes émissions sur le rap qui ont permis de donner aux rappeurs un vrai statut d’artistes.





  

                                       Le cri du peuple - Didier Awadi


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                                         Le groupe Sénégalais Daara J

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      Le groupe sénégalais Positive Black Soul     




                     Nous pas bouger - Salif Keita feat. Daara J






                B. Quelle image le rap véhicule –t-il ?

 



     
Le rap est issu d’un milieu défavorisé, en l’occurrence des ghettos de Brooklyn et du Bronx où l’agressivité, la violence et la drogue étaient monnaie courante. Le rap est alors stigmatisé comme étant une musique faite ‘’par des délinquants pour des délinquants’’, notamment par lesBronx
non-adeptes.  Original dans la  forme de même  que
dans le fond, le rap a cependant dû faire face à de nombreuses difficultés quant à son intégration dans l’industrie musicale. En effet, étant issu de quartiers en difficulté les rappeurs ont été immédiatement perçus comme ‘’des voyous s’essayant à la musique’’.










                                                                                                            Ghetto dans le Bronx




      Mais ce n’est pas tout : on reproche non seulement au rap d’être une musique agressive, violente, mais aussi d’être superficiel, sexiste, matérialiste, répétitif et incohérent dans ses propos. Depuis une quinzaine d’années, on constate que rap remet de moins en moins en cause l’ordre social établi et ne conteste plus la hiérarchie sociale. On peut même dire qu’il s’agit du contraire aujourd’hui. Le rap nous répète sans arrêt maintenant que la société est inégalitaire, que les chances au départ sont loin d’être les mêmes pour tous et qu’on ne peut rien n’y faire, ce qui est en un sens correct. Une illustration frappante nous est donnée par la chanson « Nés sous la même étoile » du groupe français IAM :


La vie est belle, le destin s'en écarte.
Personne ne joue avec les mêmes cartes.
Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile.
Tant pis, on n’est pas nés sous la même étoile.



              

                                              Nés sous la même étoile - IAM


      Cette chanson, sortie en 1994 nous montre bien que le rap est bel et bien passé dans une logique beaucoup moins revendicative. Le texte défini des places propres à chacun, en jouant sur les logiques d’inclusion/ exclusion, qui permet de limiter l’espérance des jeunes issu de milieux défavorisés de pouvoir gravir l’échelle sociale, en faisant comprendre que les métiers qualifiés sont réservés aux classes aisées. Le rap actuel contribue donc clairement en faveur de l’ordre social établi.

      Dorénavant, la majorité des rappeurs ont perdu toute tonalite politique au profit d’un rap bien plus léger et qui peut sembler moins significatif pour certains, parlant en général de thèmes récurrents comme les filles, l’argent ou la délinquance. Cependant, loin de se défendre de ces clichés, les rappeurs semblent au contraire les alimenter, allant jusqu’à les revendiquer comme thèmes centraux dans leurs œuvres, tout en conservant un langage violent, familier et même parfois vulgaire.





Extrait de « Sexe, pouvoir et biftons » Arsenik

J'ai le sourire, tant que je manque pas de billets de banque,
De plaisirs charnels, blindé comme un tank pris sous le charme.
L.I.N.O gonflé comme une grosses paire de mamelles,
Moi le fric sa me fait bander comme le boule à Julia Chanel.
Demandez à mes partenaires, qu'est ce qui fait tourner la planète.
Le sexe, les biftons, le pouvoir et les bizness pas nets.
Vise aux manettes, rien que des proxénètes, avise,
Les maquisards au QG, eux ils connaissent la devise.
C'est net, brise les tabous et qu'on s'le dise,
Au bout du rouleau, les chiens sont à bout, ils gisent.



Extrait de « HLM 3 » de Lunatik

J’kiffe les bizness illégaux
La sape, les caisses et les gos
Smoker des gros bouts d’shit après j’ai l’groove grave
Bédave, sexe, pillave sec dans mon clan
J’peux pas faire mieux qu’mon rap de banlieue
J’rappe comme j’cause, haine à grosse dose,
La rage comme guide et c’est pour ça qu’j’parle toujours des mêmes choses…

 

 


                                  Candy Shop - 50 Cent feat. Olivia



 

                             Crazy - K Maro feat Shy'm               

   


Every girl - Lil Wayne feat. Drake, Jae Millz, Gudda Gudda, Mack Maine

 

Throw it in the bag - Fabolous feat. The Dream



Hey sexy wow - Lord Kossity



Garde la pêche - Booba



Boulbi - Booba

     
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